Histoires de radio

Togo:
Le centre émetteur allemand de Kamina.




Déjà en 1910, le Gouvernement allemand était victime de mauvais sorts.



La première station intercontinentale d'Afrique.
En 1910, le gouvernement colonial allemand a fait construire au Togo, alors Togoland, un centre émetteur de télégraphie sans fil transcontinental à Anié, village situé à 30 km au nord d’Atakpamé, chef-lieu de la région des Plateaux, En juin 1911, la première liaison télégraphique est établie avec Nauen en Allemagne, mais quelques jours plus tard, un cyclone a complètement dévasté le site.
De 1911 à 1914, le gouvernement colonial allemand a fait construire un nouveau centre à Kamina, village situé dans la préfecture de l’Ogou, à quelque 7 km d’Atakpamé.

Un grand nom de la radio.
Devinez qui nous trouvons à l'origine de la construction ? La construction de l’émetteur de Kamina a été réalisée par la firme allemande Telefunken. Elle était représentée sur place par le Baron Anton von Codelli, un spécialiste de mécanique et d’électrotechnique.
Un projet soutenu par la poste impériale allemande et au ministère impérial des Colonies à Berlin. Telefunken a naturellement été choisi, car elle disposait déjà d'une importante station de recherche à Nauen, dans le nord de l'Allemagne, avec des mâts d'antenne atteignant près de 200 m de haut et une portée d'émission de plusieurs milliers de kilomètres.

Des travaux gigantesques.
Après la mésaventure de la station d'Anié, Codelli a finalement choisi Kamina car le site était mieux protégé des intempéries.
Toute la station de Kamina a été construite sur une surface d’environ 4 km² achetée auprès des chefs de la région par la firme Telefunken avec l’assistance de l’administration du cercle d’Atakpamé et de l’administration centrale de Lomé.
Pour le transport de la terre, des pierres et des matériaux importés d’Allemagne, Codelli fit construire une ligne de chemin de fer provisoire à voie étroite, longue de 7 km.
Tout doit être créé, car il n'existe aucune infrastructure : Des habitations pour la main d’œuvre, une briqueterie pour la fabrication des parpaings en ciment, une forge, un atelier de menuiserie et un barrage et un aqueduc pour assurer l'alimentation en eau des chaudières vapeur.

Pas de Gilets Jaunes.
Pas de syndicats, non plus, les bâtisseurs étaient fournis par l’administration coloniale : Environ 100 travailleurs du Nord-Togo ont été recrutés par force et soumis au travail obligatoire.
Pour le fonctionnement de la station, des autochtones de la région d’Atakpamé ont été recrutés au SMIC de 0,50 Mark par jour et cette rémunération leur servait principalement à payer leurs impôts !

Les antennes.
La première étape des travaux a consisté en la construction de trois antennes en acier de 75 m de hauteur à l’été 1912, ensuite six autres antennes en acier ont été dressées pendant l'année suivante.

La fourniture d'électricité.
Alimentée en eau par un barrage, on avait construit une centrale électrique avec deux machines à vapeur d’une puissance de 1000 CV. L'aqueduc assurait le remplissage des chaudières. Vu la qualité de l'eau, un appareil en assurait l’épuration et une tour de refroidissement tentait de récupérer le maximum du précieux liquide, ce qui n'était pas une mince affaire sous le climat tropical. L'installation était complétée par un réseau de puits et de pompes
.
La station d'émission.
Située à côté de la centrale électrique, la construction de la station d'émission a commencé à l'été 1912. Elle était située à 200 m. des antennes. Un réseau de souterrains reliait les différents éléments.
La puissance d’émission était de 100 kW, la longueur d’onde était 3500 m à 9500 m pour l’émission et 200 m à 14000 m pour la réception. L’émetteur était directement relié dès le 1ᵉʳ avril 1914 à la station radio de Nauen, près de Berlin, soit une distance de 5200 km. Elle assurait le relais avec la station de Windhoek, dans la Namibie actuelle. Sa seconde mission était les liaisons avec les navires de la marine impériale qui naviguaient dans l’Atlantique.
L'équipement d'émission et de réception sont entrés en activité le 18 décembre 1913 et a établi des contacts fructueux avec la station de Nauen.
Les travaux ont été entièrement terminés le 20 juillet 1914 et quelques jours après, Kamina reçoit le message de la déclaration de la guerre.

Le sort s'acharne.
Ce second centre émetteur n'a pas eu beaucoup plus de chance : Moins d'un mois plus tard le Togoland est attaqué par les Français venant de l’est et par les Anglais du côté ouest.
Quelques jours plus tard, le 21 août 1914, le major Hans-Georg von Döring, a ordonné la destruction de la station. Les antennes ont explosé, ainsi que tout l'équipement électrique.
Pendant sa courte vie, la station de Kamina a envoyé 229 messages entre la métropole allemande et ses colonies.
Le 27 août, les Allemands de la station capitulent et sont fait prisonniers par les forces françaises jusqu'en 1919, où ils purent rejoindre l’Allemagne.

La fin de la guerre.
La Première Guerre mondiale se termina au Togoland quelques jours après le sabordage de la station. Après la guerre, le Togoland a été partagé en 1916 : Le Togoland britannique a fusionné avec le Ghana tandis que le Togoland français est devenu l'actuel Togo.

Kamina de nos jours.
Malgré l'intérêt stratégique que représentait la station pour les forces françaises, Kamina n'a jamais été remise en service depuis la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui, vous pouvez toujours voir sur le site, les restes de certains bâtiments et des parties des générateurs qui se trouvent étonnamment dans un bon état.
Un projet porté par l’Association IFAA Kamina a vu le jour en 2016: un festival interdisciplinaire et une plate-forme d'artistes en résidence qui se déroule dans différentes villes du monde.

Par contre, un projet durable pour la restauration du site dans un but historique et touristique ne devrait se réaliser que l'année prochaine après 117 ans d'abandon.

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